Jacques Attali nous réinvente au club Altafemina

Après Anne Lauvergeon en 2013, Altafemina a eu le plaisir de recevoir Jacques Attali, l’invité d’automne 2014, qui a investi le Grand Hall de la Société Marseillaise de Crédit, pour un débat passionnant sur sa vision de la société.

Pour mémo, Jacques Attali est Président de PlaNet Finances et ancien conseiller de François Mitterrand. En 2008, à la demande de Nicolas Sarkozy, il remet un rapport sur la libération de la croissance : la Commission Attali.

Ce lundi 8 décembre, à 8h30, le débat s’ouvre, autour de lui deux femmes menant l’interview avec brio : Danièle Prieur, Présidente d’Altafemina et Elsa Charbit, rédactrice en chef de radio JM.
L’une s’attaque aux questions de société et d’économie, l’autre décortique « Devenir soi », le dernier ouvrage de Jacques Attali, une méditation, une reprise de soi. Il y a dans ce Grand Hall une écoute religieuse, 220 participants, venus écouter la « parole attalienne ».
Il faut dire qu’avec Jacques Attali, la parole est directe, ambitieuse, passionnante et nouvelle.

L’homme revient sur le modèle actuel de notre société et notamment le besoin urgent de prise en compte des générations futures. « Le futur est une problématique centrale, il faut tenir compte de la voix de ceux qui n’en ont pas encore », dit-il. C’est pourquoi, la vision long terme est capitale dans notre démocratie.

Selon lui, la France a des points forts tels que la démographie, le potentiel climatique et les infrastructures. Mais certains points affaiblissent le pays comme l’absence de mobilité sociale et la qualité de l’enseignement maternel et primaire, qui entraine la « destruction de la France ».

A la question de l’entrepreneuriat au féminin, il répond que c’est « une clé de l’économie positive. Il y a 130 millions de femmes entrepreneurs en France, les femmes sont chefs d’entreprise par nature car la première entreprise est celle de la famille. Cependant, elles rencontrent des obstacles sur le chemin de l’entrepreneuriat. Les femmes sont empêchées, imposées… elles ont plus de mal à se réaliser ».

Sur la question du chômage, selon lui, « l’économie positive » peut contribuer à le résorber. La solution réside dans la formation permanente de tous.

En prêcheur, il martèle que l’issue du chômage est de se créer soi-même son emploi en ayant une vision à long terme. Cependant, il reconnait qu’il y a un manque de soutien de la France pour les projets personnels.
« Il faut s’arracher du quotidien pour avoir une vi sion plus longue ».

Un principe qu’il présente largement dans son dernier ouvrage « Devenir soi », publié aux éditions Fayard.
C’est un ouvrage très différent de ce que son auteur a pu écrire jusqu’à présent, un ouvrage de reprise du pouvoir sur sa propre vie.

« La politique ayant de moins en moins de poids, c’ est le moment de ne pas se contenter des miettes », affirme t-il.

« Chacun peut chercher ce en quoi il est unique et faire ce qu’il veut faire. Selon lui, le confort ne conduit pas à la liberté, le conformisme naturel n’aide pas à réfléchir, alors que la difficulté et l’échec conduisent à la réflexion ».

Dans « Devenir soi », Jacques Attali présente un cheminement d’étapes à suivre pour se trouver :

  • Prendre conscience de son aliénation, de ses contraintes
  • Se respecter : « c’est déjà projeter le respect d es autres »
  • Ne rien attendre des autres, l’échec et la réussi te dépendent de soi
  • Prendre conscience de son unicité
  • Se trouver et apprendre à se chercher en soi

Dans son ouvrage, se trouver apparait comme un chemin de solitude.
« L’épanouissement passe par la solitude et conduit naturellement à l’altruisme : on rencontre les autres dans la réussite de soi. Il y a donc dans l’égoïsme la découverte de sa forme la plus intelligente : l’altruisme ! »

Le débat fut riche, rythmé et nombreux en sont ressortis « boostés » et « motivés ».

« La bonne vie est une vie ou l’on se cherche sans cesse, où l’on se trouve mille fois successivement ou simultanément ».