La compétitivité, une affaire de diversité ?

Jeudi 30 janvier, au club Terrafemina Marseille, on parlait diversité comme atout dans l’industrie aéronautique.
Réuni pour sa « première 2014 » au Malthazar, le club avait convié deux invitées aux titres qui en disent long sur leur carrière : Christine Anne Chevry, Senior Manager Research & Development, Innovation Management et Chairman WMBA « WoMen in Business Network » at Airbus Helicopters et Annelise Lethimonnier, Directrice des affaires institutionnelles France, Airbus Helicopters. Atmosphere.

Un espace dédié au club au bout de la grande salle du Malthazar, pierre et béton ciré mêlés, un lieu tout à fait chaleureux et propice aux échanges si on en oublie la pluie battante tombant sur la verrière ce soir là ! Magie du lieu ou grand intérêt de chacune pour les invitées, un cercle s’est formé autour de Christine Anne et Annelise faisant taire la pluie.

En s’imprégnant du parcours de ces femmes, on comprend que la diversité au sein d’une entreprise est un réel atout. Même si elle n’apparait pas évidente pour tous, elle l’a clairement été pour les directeurs de Christine Anne et Annelise, qui leur ont accordé une confiance sans faille, déclencheur d’une force leur permettant d’avancer et de relever des défis pour elles-mêmes et pour leur entreprise.

Comprendre en quoi sa différence, homme/femme, junior/sénior ou diplômes, peut être un atout, c’est une des clés qui a guidé Annelise, 30 ans, qui se définit comme « faisant au quotidien l’expérience de la multi-diversité ». Elle a su évoluer dans des domaines très différents (opérationnel, institutionnel, direction) à force de convictions et de confiance.

C’est aussi le cas de Christine Anne, aujourd’hui sénior, qui s’est vue confier après une belle carrière à l’international, une mission qui n’avait rien à voir avec ses précédentes fonctions. On lui a fait confiance.
Elle nous a parlé de « Gender Diversity », un projet au sein du groupe Airbus qu’elle a mené avec succès. L’enjeu : un changement de culture au sein du groupe, un sujet passionnant dans lequel elle s’est plongée.
A ce sujet elle nous a rappelé le slogan des compétiteurs Boeing : ‘Diversité = Innovation’. Les entreprises qui n’auront pas d’équité, n’auront pas de compétitivité », conclut-elle.

Avant tout passionnées, impliquées, ces femmes nous ont livré leur perception de la diversité dans l’industrie aéronautique. Plus qu’un atout, elles en ont fait une force.

Des échanges sur fond de cocktail étoilé
L’écoute attentive des invitées a laissé place aux interactions, qui ont été nombreuses et riches. Les impressions dans et hors secteur de l’industrie se sont confrontées ou accordées pour un débat réussi.
Outre les échanges et le partage de cette soirée, on se souviendra du cocktail gourmet concocté par le chef étoilé 2** du Malthazar, Michel Portos ! Gnocchis aux cèpes, accras de morue revisités, crevettes tempura sans oublier le mini baba au rhum en ont ravi plus d’une !

Percutante et stimulante Anne Lauvergeon

Anne Lauvergeon était, jeudi 7 novembre, l’invitée du Club Terrafemina Marseille : rencontre avec une femme surprenante.

« Je suis une bâtisseuse, je me sens une femme d’entreprise, je ressens une liberté que je n’ai jamais eue, j’aime chasser en meute et j’aime les aventures collectives ».

Partageant un peu de son parcours de femme avec un auditoire passionné, Anne Lauvergeon nous a confié ses débuts où, comme tant d’autres femmes, elle fut confrontée aux remarques désobligeantes et sexistes de ses supérieurs. Véritable électron libre, elle finit par s’imposer dans cet univers grâce à sa détermination, sa force de caractère et son professionnalisme. « Les femmes doivent sans cesse prouver et quand on prouve on vous remarque au milieu des costumes cravates ».

Avec des propos directs et pleins d’humour, Anne Lauvergeon nous a livré une analyse objective et juste de l’univers de l’entreprise et du comportement de chacun : « avant de prendre une décision, les hommes font la cartographie des rapports de forces, ils sont stratégiques et étudient, alors que les femmes jouent moins le jeu politique, elles agissent, sont directes et réactives du fait de leur double vie où le temps est compté ».

Parallèle au Club Terrafemina Marseille, Anne Lauvergeon s’est intéressée aux réseaux et à la variable « temps » ; « les femmes réseautent peu par manque de temps, nous ne sommes pas bonnes pour faire du réseau et ça ne nous avantage pas ». Selon elle, il est important de développer cette dynamique de réseau au féminin et de s’intéresser à la notion de solidarité entre les femmes, qui reste pour elle « une théorie ».

« L’innovation est une fatalité »

L’ex-présidente d’Areva, aujourd’hui à la tête de la Commission Innovation 2030, a remis le 11 octobre dernier un rapport complet au Président de la République présentant sept ambitions « à ne pas rater » pour la France en 2030.

Cette passionnée d’innovation a clairement analysé la situation de la France, les opportunités et l’héritage culturel qui la freine. « Dans un contexte actuel international où tout s’accélère, l’urbanisation grandissante, le numérique, la population vieillissante et avec des sujets comme l’eau ou la nourriture qui se complexifient, il est nécessaire de faire des choix en terme d’innovation ». Avec « une éducation politique et culturelle à mille lieux de l’innovation et un rapport à l’échec fort », la France doit se réinventer et créer un environnement propice à l’innovation si elle ne veut pas rater les changements ; « soit l’innovation vous est imposée, soit vous êtes le foyer de l’innovation », « la France a tous les atouts pour être devant », ajoute-t-elle.

L’innovation ne se limite pas au technologique, il existe d’autres types d’innovation comme l’innovation de moyen, d’organisation ou de process. Stockage de l’énergie, valorisation des richesses marines, recyclage, protéines et chimie végétales, médecine individualisée, silver économie et valorisation des données massives : toutes ces variables ont été définies comme prioritaires par la Commission Innovation 2030. Innover oui, mais avec quels financements ? Pour Anne Lauvergeon la réponse est claire, il s’agit d’un travail collectif, « il faut chasser en meute, s’appuyer sur toutes les institutions existantes, utiliser tous les relais », elle ajoute « il faut une interaction entre les entreprises et les institutions, relayer les informations, je compte sur vous ! ».

Le temps d’une rencontre, Anne Lauvergeon aura transmis son enthousiasme aux quelques 130 participants venus écouter attentivement « la prêtresse de l’innovation ».